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Vagues de chaleur : comment protéger efficacement vos travailleurs ?

Le réchauffement climatique induit des périodes de fortes chaleurs de plus en plus fréquentes, intenses et longues. Les entreprises doivent tenir compte de ce risque et redoubler de vigilance afin de protéger leurs travailleurs. Zoom sur les mesures à mettre en place !

 

Vagues de chaleur
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Quels sont les enjeux de l’exposition à une forte chaleur ?

L’exposition prolongée à une forte chaleur peut entraîner des conséquences graves sur la santé des travailleurs. En effet, sous l’effet d’une température extérieure trop élevée ou d’un environnement trop humide, les mécanismes de régulation thermique du corps peuvent perdre en efficacité ou être dépassés.

Parmi les différents effets notables, on peut citer notamment l’insolation, la déshydratation, ou encore les troubles de la fréquence cardiaque. Le trouble le plus grave est le coup de chaleur qui peut entraîner le décès de la personne.

Selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), il existe quatre niveaux de gravité d’une exposition à la chaleur, caractérisés par des effets spécifiques sur l’organisme :

Niveau 1 Rougeurs et douleurs, œdème, fièvre, céphalées
Niveau 2 Crampes de chaleur ou spasmes douloureux, syncope de chaleur
Niveau 3 Épuisement et déshydratation (t° centrale restant inférieure à 40°C)
Niveau 4 Coup de chaleur (température corporelle supérieure à 40,6°C) avec risque de décès par défaillance de la thermorégulation

Les secteurs du BTP et des travaux agricoles et forestiers sont particulièrement concernés par l’exposition à la chaleur en période estivale, notamment dans le cas de tâches physiques pénibles. Néanmoins, toutes les entreprises peuvent être concernées dans le cadre de fortes chaleurs et notamment de canicules.

Au-delà des conséquences directes sur l’organisme, la chaleur agit également comme un amplificateur de risque d’accident du travail en générant des altérations fonctionnelles (ex : mains moites, altération de la vue liée à la transpiration) mais aussi des effets psychologiques et cognitifs (augmentation du temps de réaction, des risques d’erreurs ou d’omissions).

🔎 Focus : L’été 2023, 11 signalements d’accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur ont été transmis à Santé Publique France. La moitié de ces accidents du travail sont survenus dans le cadre d’une activité professionnelle de BTP. 10 sont survenus en période de forte chaleur (température maximale supérieure à 30°C) dont 3 en période de canicule (source : Bulletin de santé publique, bilan de l’été 2023).

 

 

Comment prévenir les risques pour vos travailleurs ?

La Direction Générale de la Santé (DGS) a publié en 2021 un guide ORSEC dédié aux mesures à prendre en cas de vagues de chaleurs dans l’ensemble des secteurs d’activité publics et privés. Vous retrouverez ci-après les principales mesures applicables aux employeurs.

Mesures en amont d’une vague de chaleur

Il ne faut pas attendre l’arrivée d’une vague de chaleur pour agir. Dans un contexte où ce phénomène devient de plus en plus habituel, sa survenance doit être prise en compte suffisamment en amont pour garantir l’efficacité des mesures et limiter au maximum les risques pour les salariés.

Le Code du travail ne fixe aucune température maximale au-delà de laquelle il serait interdit de travailler. Cependant, l’évaluation des risques doit prendre en compte les situations à risque liées aux périodes de fortes chaleurs. Par conséquent, les postes de travail les plus exposés doivent être recensés et leur exposition au risque évaluée dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP).

Un certain nombre de facteurs doivent être pris en compte dans le cadre de cette évaluation :

● les facteurs inhérents au poste de travail : travail en extérieur ou non, durée de l’exposition, port de charges, etc.
● les facteurs liés à l’organisation ou à l’aménagement des zones de travail : horaires de travail, pauses, rotation des tâches, climatisation, zones d’ombre, accès à l’eau, etc.
● les facteurs individuels : condition physique des travailleurs, pathologies, grossesse, etc.

Il est également important de vérifier en amont de la période estivale la mise en place des dispositifs techniques pertinents pour limiter les effets de la chaleur (stores, aération, etc.) et leur bon fonctionnement. Rappelons à ce titre que le renouvellement de l’air est une obligation réglementaire dans les locaux fermés où les salariés sont amenés à séjourner (article R4222-1 C. trav.).

ℹ Notez-le : Pour les entreprises les plus exposées, l’établissement d’un plan de gestion interne des vagues de chaleur peut être nécessaire. Le cas échéant, il conviendra de désigner un responsable chargé de sa préparation et de sa mise en place.

L’isolation thermique des bâtiments joue un rôle important dans le confort d’été des locaux de travail. Ainsi, en cas de conception de nouveaux bâtiments ou de rénovations, veillez à privilégier des solutions adaptées aux fortes chaleurs, conformément aux nouvelles réglementations en vigueur (réglementation environnementale 2020, décret tertiaire).

Mesures en période de vague de chaleur

Du 1er juin au 15 septembre, la surveillance météorologique se trouve renforcée pour le phénomène canicule. Durant cette période, il est donc important de vérifier régulièrement les prévisions météorologiques afin de pouvoir anticiper la mise en place des mesures et les adapter une fois mises en place.

ℹ Notez-le : La carte nationale de vigilance peut être consultée sur le site https://vigilance.meteofrance.fr. Une plateforme téléphonique “Canicule Info Service” est également joignable au 0800 06 66 66 pour obtenir des informations supplémentaires en cas de canicule.

Lors d’une vague de chaleur, les employeurs doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale de leurs travailleurs. Cela passe notamment par :

● mettre en place une organisation et des moyens adaptés pour limiter les expositions à la chaleur : horaires décalées, rotation des tâches, pauses plus fréquentes, etc.
● mettre à disposition des salariés de l’eau potable et fraîche (article R4225-2 C. trav.) et des moyens de protection et/ou de rafraîchissement : ventilateurs, brumisateurs, humidificateurs, etc.
● permettre aux salariés d’adapter leur rythme de travail en fonction des heures les plus chaudes et privilégier le télétravail lorsque cela est possible ;
● prévoir des mesures de protection renforcées pour les salariés qui travaillent dans un environnement aux températures extrêmes et notamment ceux possédant des antécédents médicaux ;
● s’assurer que le port des équipements de protection individuelle (EPI) est compatible avec les fortes chaleurs ;
● contrôler le bon renouvellement de l’air dans les locaux fermés où le personnel est amené à séjourner (article R4222-1 C. trav.) et surveiller régulièrement la température dans les locaux ;
● faire remonter toute situation anormale potentiellement en lien avec la chaleur à l’inspection du travail.

ℹ Notez-le : Selon l’INRS, doit constituer une alerte une température de plus de 28°C pour poste demandant une activité physique et 30°C pour un travail sédentaire.

L’implication des travailleurs est particulièrement importante pour garantir la pleine efficacité des mesures. Il est donc essentiel de les informer et former suffisamment en amont des comportements sûrs et méthodes de protection en cas de forte chaleur, notamment :

● porter des vêtements amples, légers et clairs ;
● s’hydrater régulièrement même en l’absence de soif ;
● protéger leur peau et leurs yeux des rayonnements solaires (couvre-chef, lunettes de soleil, vêtements couvrants les bras et les jambes, etc.) ;
● se mettre régulièrement à l’ombre ;
● éviter les efforts physiques trop intenses ;
● signaler tout symptôme inhabituel et être attentif aux symptômes de ses collègues ;
● etc.

Des dispositions particulières s’appliquent également aux travailleurs en extérieur, dont BTP, qui se trouvent en première ligne en cas de vague de chaleur. Les entreprises doivent notamment :

● aménager les postes de façon que les travailleurs soient protégés dans la mesure du possible (article R4225-1 C. trav.) ;
● prévoir un local permettant l’accueil des travailleurs dans des conditions préservant leur sécurité et leur santé. À défaut d’un tel local, le chantier doit être aménagé pour permettre la protection des travailleurs dans des conditions équivalente (article R4534-142-1 C. trav.) ;
● mettre à disposition des travailleurs au moins 3 litres d’eau par personne et par jour (article R4534-143 C. trav.).

 

 

Mesures spécifiques en cas de “vigilance rouge canicule”

Le Guide ORSEC prévoir également des consignes spécifiques aux employeurs en cas de niveau de “vigilance rouge canicule”.

Ainsi, dès lors qu’un tel niveau de vigilance est institué, les entreprises doivent procéder à une réévaluation quotidienne des risques encourus par chacun de leurs salariés en fonction :

● de la température et de son évolution au cours de la journée ;
● de la nature des travaux à effectuer ;
● de l’âge et de l’état de santé des travailleurs.

En fonction des résultats, l’organisation du travail et les différentes mesures mises en place doivent être ajustées.

Par ailleurs, si l’évaluation des risques révèle que les mesures sont insuffisantes, notamment pour les travaux accomplis à une température très élevée et avec une charge physique importante (par exemple, des travaux d’isolation de toiture ou encore de la manutention de charges), un arrêt des travaux doit être décidé par l’employeur.

⚠️ Attention : En cas de manquement de l’employeur, le salarié peut saisir l’inspection du travail et le comité social et économique (CSE) s’il existe. Il peut également exercer son droit de retrait s’il considère se trouver en situation de danger grave et imminent (article L4131-1 C. trav.).

 

Que faire en cas de coup de chaleur d’un travailleur ?

En cas de signes d’alerte détectés chez un travailleur (fatigue importante, maux de tête, soif intense, confusion, température corporelle à 39°C, etc.), il est particulièrement important d’agir vite. Voici la procédure à suivre :

1) la première étape est d’alerter les secours au 15 (SAMU) ou au 112 (numéro d’appel d’urgence) ;
2) ensuite, si la victime est toujours consciente : la placer à l’ombre dans un endroit frais et aéré, lui enlever les vêtements et la rafraîchir (faire couler de l’eau froide sur son corps, lui donner à boire de l’eau fraîche en petites quantités, etc.) ;
3) si la victime perd connaissance : la placer en position latérale de sécurité et la surveiller dans l’attente de l’arrivée des secours.

 

À retenir :

 ❖   Les vagues de chaleur peuvent entraîner des conséquences graves sur la santé des travailleurs ;

❖   Les secteurs du BTP et plus généralement les métiers en extérieur sont particulièrement concernés ;

❖   L’exposition aux vagues de chaleur des travailleurs doit être prise en compte dans le cadre de l’évaluation des risques professionnels ;

❖   En fonction de l’exposition des travailleurs, des mesures doivent être mises en place pour protéger leur santé physique et mentale ;

❖   En cas de “vigilance rouge canicule”, les entreprises doivent réévaluer quotidiennement les risques encourus par leurs travailleurs.

 

Article rédigé par Clara Godin